Aller au contenu

Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Est-ce que sa large miséricorde, son esprit, dont la clémence infinie se répand avec largesse et abondance sur tous, serait pour nous seuls moins étendu et plein de sévérité ? ou bien, peut-il avoir des pensées comme celles que laissent paraître les hommes, nourrir pendant longtemps la colère, se laisser emporter à la vengeance par une soudaine fureur ? À cela le Seigneur répond : Je suis bon sans doute, et mes paroles sont l’écho de ma clémence ; mais pour ceux qui marchent dans le droit chemin. Quant à celui qui, je ne, dis pas autrefois, mais hier encore, m’a fait l’outrage d’adorer les idoles ; qui, autant qu’il a été en son pouvoir, a pris contre moi les armes et résisté à ma volonté ; qui a dépouillé le peuple infortuné du secours de Dieu, comme s’il lui ôtait la tunique après lui avoir pris le manteau ; qui a tourné à la guerre contre moi les hommes à la foi simple soumis à l’autorité des grands, le Seigneur ne distillera-t-il pas son courroux sur lui, et la confusion ne le couvrera-t-il point ? Notre traduction porte : « Mon peuple, au contraire, s’est levé en ennemi contre moi ; » or, le mot Mul ayant le sens de « contraire » et d’hier », Symmaque a donné cette variante plus claire : « il n’y a qu’un jour que mon peuple m’a résisté comme un ennemi », pour rendre indiscutable cette vérité que Dieu reprochait au peuple, non ses vices passés, mais ses égarements présents, ceux qui n’avaient été commis que de la veille, pour ainsi dire. Voilà pour le texte hébreu.
D’autre part, les Septante, en cet endroit, sont complètement décousus. À cette prémisse : « Gardez-vous de pleurer dans l’Église du Seigneur », par quel lien de conséquence rattacher cette suite : « Car elle n’échappera pas à l’opprobre, elle qui dit : la maison de Jacob a provoqué la colère du Seigneur ? » et cette proposition : a Si telles sont ses pensées, est-ce que ses paroles ne sont pas bonnes pour celui qui est avec lui, et ne marchent-elles pas dans la droiture ? » quel rapport a-t-elle avec ce qui est dit ensuite : « Antérieurement, mon peuple m’a résisté en ennemi, combattant contre sa propre paix ; on a déchiré sa peau, en lui ôtant toute ressource d’éloigner de soi la guerre ? » Pour moi, quelques difficultés qu’offre ce passage, voici, comment le sens me paraît pouvoir être rendu, à la condition toutefois que le lecteur prudent souscrive à ma manière de voir. Il est prescrit à l’Église de n’avoir ni tristesse ni sollicitude à l’endroit des choses du monde et des contre-temps qui ont coutume d’arriver ici-bas ; il est dit à ses habitants : Vous qui êtes dans l’Église du Seigneur, réjouissez-vous sans cesse et félicitez-vous de quelque chose qui vous arrive par les desseins de Dieu. Ce n’est pas à dire que vous ne deviez point pleurer : « Bienheureux », en effet, « ceux qui pleurent, parce que le rire leur est réservé ; » Luc. 6, 21 ; mais si