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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/22

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je vous donne le conseil de ne point vous chagriner au sujet des choses du siècle. Quelqu’un de vos proches meurt-il, le fisc s’empare-t-il de vos biens, la goutte ou toute autre maladie fond-elle sur votre corps, gardez-vous de pleurer, gardez-vous de répandre des larmes ; considérez, non le présent, mais l’avenir, et vous attristez plutôt d’avoir à demeurer si longtemps dans cette tente de mort. Faites en sorte surtout de ne pas insulter à ceux qui tombent, de ne pas croire que la ruine d’autrui soit votre édification : chacun à sa mesure, non pas dans la faiblesse du prochain, mais dans ses propres forces. Est-il d’ailleurs selon la justice que les branches de l’olivier sauvage insultent aux branches de l’olivier franc qui ont été rompues à cause de leur infidélité, Rom. 9, et qu’elles disent : La maison de Jacob a provoqué l’Esprit de Dieu à la colère, en mettant à mort les Prophètes, en adorant les idoles, en crucifiant le Fils de Dieu ? Celui qui agit ainsi n’échappera pas à l’opprobre, il sera jugé d’après la mesure dont il s’est servi pour juger les autres, et un autre insultera à sa ruine, comme il a lui-même méchamment parlé des péchés et de la chute du prochain.
La version des Septante poursuit : « Si tels sont ses décrets, est-ce que ses paroles ne sont pas pleines de bonté quand on est avec lui, et ne marchent-elles pas dans la droiture ? » Si les Juifs sont tombés pour que la plénitude des nations entrât dans le salut, c’est le fait de la providence de Dieu, afin que, plus tard, Israël embrassant la foi, tous les hommes soient sauvés et tous aient besoin de la miséricorde divine. Aussi l’Apôtre, concluant la question sur ce point, s’écrie-t-il : « O profondeur de la sagesse et de la science de Dieu ! ô insondable abîme de ses jugements ! » Rom. 9. Dès qu’il entre dans les desseins et les pensées de Dieu que les branches naturelles de l’olivier franc soient rompues, et que celles de l’olivier sauvage soient entées à leur place, vous ne devez pas insulter aux branches rompues, mais craindre de tomber comme elles, et ne point vous flatter de plaire à Dieu, en vous contentant de lire ses paroles, c’est-à-dire les Écritures, alors que les Écritures n’ont d’utilité pour celui qui les lit qu’en tant qu’il pratique ce qu’il a lu, et que s’il peut dire en parlant d’elles : « Est-ce que vous voulez éprouver la puissance de Jésus-Christ qui parle par ma bouche ? » 2 Co. 13, 3. « Le Seigneur donne sa parole à ceux qui doivent l’annoncer avec une grande force ; » Psa. 67, 12 ; « montez sur une haute montagne, vous qui annoncez l’heureuse nouvelle à Sion ; élevez votre voix avec force, vous qui annoncez l’heureuse nouvelle à Jérusalem. » Isa. 40, 9. Par conséquent, les paroles de Dieu sont bonnes, si elles sont avec lui, si Dieu ne s’éloigne pas de celui qui les publie, si le cœur et les lèvres de celui qui parle sont d’accord. Évidemment, les bonnes paroles de Dieu ne peuvent être avec celui qui le loue du bout des lèvres et dont