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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/215

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COMMENTAIRES SUR LE PROPHÈTE SOPHONIE

LIVRE UNIQUE.

PROLOGUE.

Avant d’aborder Sophonie, qui est le neuvième dans l’ordre des douze prophètes, il me paraît bon de répondre à ceux qui croient pouvoir me railler de ce que, laissant de côté les hommes, je vous écris de préférence, ô Paule et Eutochium. Si ces gens-là savaient qu’Olda prophétisa, pendant que les hommes gardaient le silence ; que Débora, à la fois juge et prophétesse, vainquit les ennemis d’Israël, tandis que Barac était tremblant de crainte ; que Judith et Esther, comme figures de l’Église, et firent mourir l’ennemi, et délivrèrent du danger Israël près de périr, jamais ils ne recourberaient derrière mon dos leur doigt, moqueur en cou de cigogne. Je passe sous silence Anna et Élisabeth, et les autres saintes femmes, étoiles dont la tremblante clarté est effacée par la pure et radieuse lumière de Marie. Je descends aux femmes païennes, afin qu’ils reconnaissent que les philosophes profanes eux-mêmes considèrent les différences des esprits, et non des corps. Pluton nous montre Aspasie discutant ; Sapho correspond avec Pindare et Àlcée ; Thémiste disserte de philosophie parmi les plus sages de la Grèce ; les habitants de Rome, jusqu’au dernier de la plèbe, sont plein d’admiration pour la Gornélie des Gracches, c’est-à-dire la vôtre ; Carnéade, philosophe éloquent entre tous et rhéteur des plus subtils, qui avait coutume de soulever les applaudissements chez les personnages consulaires et en pleine académie, ne rougit pas de discuter de philosophie, dans une maison privée,