Aller au contenu

Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

j’en prends à témoin l’Illyrie, j’en prends à témoin la Thrace, j’en prends à témoin le sol où je suis né : il n’y reste que le ciel et la terre nue, et sauf les ronces qui s’y multiplient de plus en plus, tout y a péri. Ces maux, s’écrie le prophète, arriveront, parce que la multitude des impies a été trop grande. Les impies tomberont donc, les hommes seront exterminés, et la solitude régnera sur la surface de la terre.

Nous pouvons aussi entendre par ce même texte qu’à la consommation du monde, et les hommes, et les bêtes, et les oiseaux, et les poissons de la mer, tout périra de faiblesse ; que les impies verront leur force anéantie, et que l’impiété sera ôtée de la face de la terre. Mais si nous voulons nous élever plus haut, à la faveur de ce que disent les Septante : « Que tout périsse de la faiblesse la plus extrême sur la face de la terre ! et entendre en bonne part cette défaillance, conformément à cet exemple : « Et les forces lui manquant. Abraham mourut dans une heureuse vieillesse, étant parvenu à un âge avancé et à la plénitude de ses jours, et il fut réuni à son peuple », Gen. 25, 8, et, conformément à ce que l’Écriture rapporte d’Isaac et de Jacob, nous voyons qui sont ceux qu’une défaillance extrême fait périr à la face de la terre, et qui accomplissent ce précepte : Ceux qui ont leur conversation dans les cieux, et qui militent dans la chair, mais non pas selon la chair, parce qu’ils savent que ceux qui vivent dans la chair ne peuvent plaire à Dieu, font toutes choses, autant qu’il est en eux, afin de n’être pas dans la chair, mais dans l’esprit, et s’éloignant de la terre, ils disent : « Dieu nous a ressuscités avec Jésus-Christ, et il nous a fait asseoir dans le ciel avec lui. » Eph. 2, 6. Opposera-t-on à ce que j’ai pris le texte en bonne part, ce qui est écrit au sujet d’Ismaël : « Voici les années de la vie d’Ismaël : cent trente-sept ; et les forces lui manquant, il mourut et il fut réuni à sa race ? » Gen. 25, 17. Je réponds d’abord qu’Ismaël lui-même était fils d’Abraham, et qu’il avait reçu les dons et la part d’héritage de son père, selon sa mesure ; en second lieu, il est écrit de lui seulement : « Les forces lui manquant, il mourut », et l’Écriture n’ajoute pas, comme pour Abraham : « Dans une heureuse vieillesse, étant parvenu à un âge avancé et à la plénitude de ses jours, et il fut réuni à son peuple ; » ou pour Isaac : « Les jours que vécut Isaac formaient cent quatre-vingt-cinq ans, et les forces lui manquant, Isaac mourut, et il fut réuni à sa race, étant parvenu à un âge avancé et à la plénitude de ses jours ; » Gen. 35, 28-29 ; ou pour Jacob : « Après avoir achevé de donner ses ordres à ses enfants, élevant les pieds sur son lit, les forces lui manquèrent, et il fut réuni à son peuple. » Gen. 49, 32. Ce qui nous montre que la différence