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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/23

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le cœur est loin de lui, et qui, pendant qu’il publie les jugements du Seigneur, dont sa langue vante l’alliance, se couvre de toutes les souillures des péchés. Et ce n’est pas du pécheur seulement qu’il s’agit, mais de quiconque n’a pas la grâce spirituelle, c’est-à-dire le don de prophétie et d’enseignement, et les dons les plus grands d’interprétation. S’il s’avise de vouloir expliquer les causes premières et rendre raison de sa foi, et dé rechercher pourquoi Dieu, qui est bon et qui a créé tous les hommes, est venu vers les Juifs et n’a appelé les Gentils qu’à la fin des temps, il faut dire qu’il n’a pas avec lui les bonnes paroles de Dieu, et que son ignorance souille même les paroles de Dieu qui sont bonnes, et qui, suivant le droit chemin, ne veulent que les oreilles pleines de droiture. Le Seigneur prescrit donc au peuple successeur d’Israël, qui est l’Église des Gentils, de ne pas insulter à la génération primitive des enfants de Dieu, et de ne pas se charger d’opprobre lui-mème eu insultant Jacob. Puis Dieu, qui est le seul vrai juge et qui parie avec impartialité, rappelle qu’Israël a été son ennemi dans sa Passion, ce que faisant, il n’a pu nuire à son Créateur, et il a mis le comble aux crimes qui devaient ruiner sa propre paix. De là le langage qui fut adressé à Jérusalem : « Ah ! si tu savais ce qui peut t’apporter la paix ! » Luc. 19, 42. En perdant la paix, ils ont déchiré leur propre peau, c’est-à-dire ils se sont dépouillés du secours de Dieu qui les protégeaient, ils ont, en quelque sorte, mis à nu leurs chairs, en sorte que tout ce qui paraissait beau en eux, quand ils étaient revêtus de la miséricorde divine, a paru dans sa laideur à tous les yeux, quand ils en ont ôté dépouillés. La paix et le secours divin les ayant abandonnés, parce qu’ils s’étaient révoltés contre le Seigneur, dont il est écrit : « Le Seigneur met les armées en poudre, le Seigneur, voilà le nom qui lui appartient », Jdt. 16, 3, ils n’ont pu résister à leurs ennemis, ils ont ôté vaincus en toute rencontre, n’ayant plus avec eux le bras qui mettait en poudre les armées qui se levaient contre eux, dans l’an et dans l’autre sens du mot ennemis, soit les hommes qui les emmenèrent en captivité, soit les puissances infernales qui égorgent chaque jour leurs âmes dans le blasphème.
« Vous avez chassé les femmes de mon peuple des maisons où elles vivaient en repos, et vous avez étouffé pour jamais ma louange dans la bouche de leurs petits enfants. Levez-vous et partez, vous n’avez pas de repos sur cette terre, parce que l’impureté dont vous l’avez souillée l’a remplie d’une effroyable puanteur. » Mic. 2, 9-10. L’interprétation des Septante – si toutefois elle est des Septante, puisque Josèphe a écrit que les Hébreux rapportent qu’ils traduisirent seulement et livrèrent au roi Ptolémée cinq livres de la loi de Moïse – diffère si profondément en cet endroit de l’original hébreu, que je ne puis citer leur version au-dessous de l’autre, ni expliquer en même temps leur sentiment.