Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/228

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componction », mais bien « porte des poissons », qu’au sens figuré, cette porte des poissons à Jérusalem est celle par où sont apportés dans la ville les bons poissons qui ont été séparés des mauvais, et ce sont ces derniers, demeurés dehors, qui pousseront des cris de douleur en voyant entrer les autres. Ou assurément, à la fin du monde et à la consommation des choses, ils pousseront des cris de douleur de la première porte des poissons, ceux qui n’auront pas conservé la pureté du baptême, et ils feront entendre des hurlements de la seconde, ceux qui n’auront pas fait une digne pénitence de leurs péchés. Et il y aura une grande contrition sur les collines, sur ceux qui ne se sont pas abaissés à cause de leurs péchés, pour soumettre leur tête au joug et déplorer leurs crimes. C’est en effet par ces deux portes du baptême et de la pénitence, ou que l’on entre ou que l’on revient dans Jérusalem, qui est l’Église de Dieu.


« Hurlez, vous qui serez comme en un mortier ; toute cette race de Chanaan sera réduite au silence. » Sop. 1, 11. Les Septante : « Poussez des plaintes, vous qui habitez une terre déchirée, parce que tout ce peuple est devenu semblable à Chanaan. » Le mot hébreu Machthes doit être lu, non pas avec la première syllabe brève, ce qui lui donnerait le sens de « sphère », mais avec une syllabe longue, et il désigne alors un mortier où l’on écrasait le blé. C’est un vase concave, maintenant à l’usage des médecins, et dans lequel ils ont coutume surtout d’écraser l’orge mondée. Ce que c’est qu’un mortier, me dira-t-on, nul ne l’ignore ; mais que vient faire ici ce mortier, voilà la question à résoudre. Comme la prophétie a entamé la description d’une ville prise, et qu’il est dit : « Il s’élèvera de la porte des poissons une grande clameur,.et de la seconde porte un hurlement, et du haut des collines le bruit d’un grand carnage », elle suit l’ordre de cette description, et parle maintenant des cris de ceux qui habitent dans la vallée de Siloé. C’est avec raison qu’au lieu de dire : Vous qui habitez dans la vallée, dans le bas-fond, l’Écriture a dit : Vous qui habitez dans le mortier ; comme le pilon tombe lourdement pour écraser, le blé, ainsi l’armée fondra sur vous de la porte des poissons, de la seconde porte et du haut des collines. Elle appelle peuple de Chanaan le peuple juif, dans le sens de ce mot de Daniel : « Race de Chanaan et non de Juda », Dan. 13, 55, et comme lorsqu’il est dit à Jérusalem : « Votre père est Amorrhéen et votre mère Céthééenne », Eze. 16, 3, et encore : « Chanaan, votre main tient une balance d’iniquité. » Ose. 12, 7.

Abordons le sens figuré d’après l’une et l’autre traduction. C’est à bon droit qu’ils sont excités à hurler et à gémir, ceux qui habitent dans la lie la plus fétide des péchés, et qui disent du fond de l’abîme de leurs forfaits, où ils sont engloutis : « Je suis enfoncé dans une boue profonde, et je n’y trouve pas où poser le pied. » Psa. 68, 3. Aussi la prophétie ajoute-t-elle :