Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/232

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pour le mal et se dressait contre le Seigneur, infirme et brisé, se tourne vers le bien. Comme si l’on brise la force des bandits, des pirates, des voleurs, leur infirmité leur est utile : leurs membres débilités, dont ils mésusaient auparavant, cesseront désormais de servir au mal. Au sujet de ce qui suit : « Et leurs maisons ne seront plus qu’un désert », disons qu’ils sont nombreux dans l’Église, ceux qui bâtissent Sion dans le sang, et Jérusalem dans l’iniquité, et à qui il est utile que de telles maisons soient détruites. Qu’on lise le Lévitique, où il est ordonné que la maison du lépreux soit démolie, Lev. 14, 1 seqq. et comme la lèpre est permanente et contagieuse, il est ordonné que les pierres et les bois et toute la poussière de cette maison soient rejetés hors delà ville dans un lieu immonde. Il y a aussi quelque chose de cette sorte au commencement de Jérémie : « Je mets présentement mes paroles dans votre bouche ; je vous établis aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, pour arracher, pour détruire et pour dissiper, et pour bâtir et pour planter. » Jer. 1, 9-10. La construction mauvaise est détruire, afin que la bonne s’élève ensuite ; le plant de l’iniquité est arraché, pour que celui de la justice prenne sa place. De là le langage de Salomon : « Il vaudrait mieux demeurer sur le toit, que d’habiter dans une maison neuve bâtie avec la chaux gagnée dans d’injustes procès. » Pro. 21, 9. C’est donc dans sa bonté que Dieu détruit les maisons de ceux qui étaient enfoncés dans leurs ordures et qui avaient dit dans leur cœur : « Le Seigneur ne fera ni bien ni mal ; » Sop. 1, 12 ; il ne permet pas qu’ils habitent dans des maisons impures et qu’infecte la lèpre, il ne souffre pas qu’ils boivent le vin des vignes qu’ils ont plantées. S’ils avaient planté la vigne de Sorec, toute de plant véritable et choisi, ils auraient bu leur vin, et ils se seraient enivrés avec le patriarche Noé et avec Joseph, sur le midi ; Genes. 9 et xlii ; mais puisqu’ils ont dit : « Le Seigneur ne fera ni bien ni mal », que leur vigne est de la vigne de Sodome, et leur plant du plant de Gomorrhe, « que leurs raisins ne sont que des raisins de fiel et leurs grappes ne sont qu’amertume, que leur vin est un fiel do dragons et un venin d’aspics qui est incurable », Deu. 32, 32-33, ils ne boiront pas le vin des vignes qu’ils ont plantées. C’est mystiquement qu’il est dit de Sodome et de Gomorrhe que toute leur plantation périra. S’ils avaient persévéré dans ce qu’ils avaient commencé d’être, c’est-à-dire semblables au paradis de Dieu, et qu’ils n’eussent pas mal fini et ne fussent pas devenus semblables à la terre d’Égypte, assurément leur plantation eût subsisté. C’est dans 10 même sens que résonne cette parole des psaumes contre les Égyptiens : « Il a fait mourir leurs vignes par la grêle et leurs mûriers par la gelée. » Psa. 67, 47. Dans sa clémence infinie, Dieu fait mourir et arrache tout plant qui, ayant ses racines en Égypte, porte des fruits de sang, afin que ceux qui ont planté