Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/233

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la vigne et les arbres du mai, n’en boivent pas le vin et n’en mangent pas le fruit. Il est proche le jour du Seigneur, ce grand jour d’une rapidité sans égale, à qui nul ne peut résister ; il est proche, soit à cause de l’éternité de Dieu, parce que rien n’est loin pour lui, soit à cause de la grandeur du châtiment, parce que, dans sa patience, le supplice qui doit être infligé ne lui paraît jamais loin ; ou bien il est proche, je l’ai déjà dit, eu égard à notre sortie de ce monde, quand la mort mettra fin à cette existence pour chacun de nous. Il est proche, et il a de plus une rapidité qui n’est que trop grande, cette expression « trop grande » montrant bien la soudaineté de sa venue.


« J’entends déjà des bruits lamentables de ce jour du Seigneur, où les plus puissants seront accablés de maux. Ce jour sera un jour de colère, un jour de tristesse et de serrement de cœur, un jour d’affliction et de misère, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuage et de tempêtes, un jour où le son de la trompette retentira contre les villes fortes et les angles élevés. » Sop. 1, 15-16. Les Septante : « Ô fort, la voix du jour du Seigneur a été faite amère et dure ; ce jour est un jour de colère, un jour de tribulation inévitable, un jour de misère et de perdition, un jour de ténèbres et de tempête, un jour de nuage et d’obscurité, un jour où la trompette retentira contre les villes fortes et les angles élevés. » Comme plus haut, on peut entendre ceci, soit de la captivité de Babylone, soit de la dernière que les Juifs souffrirent de la part des Romains, et au sujet de laquelle Notre-Seigneur pleura sur Jérusalem, en s’écriant : « Jérusalem, Jérusalem, qui mettez à mort les prophètes et qui lapidez ceux qui vous ont été envoyés », Mat. 23, 37, etc. Et vraiment, la vengeance était demandée contre eux depuis le sang d’Abel le juste, Gen. 4, 1 seqq. jusqu’au sang de Zacharie qu’ils mirent à mort entre le temple et l’autel ; 2Ch 24, 1 seqq. et enfin, lorsqu’ils poussèrent ce cri contre le Fils de Dieu : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants », Mat. 27, 23, ils éprouvèrent le jour amer, parce qu’ils avaient provoqué le Seigneur à l’amertume : le jour marqué par le Seigneur, où ce seront, non les faibles, mais les hommes les plus forts qui seront terrassés ; et où la colère fondra sur eux à la fin. Souvent, avant cela, ils avaient porté le poids de la colère du Seigneur, mais cette colère n’avait pas été celle de la consommation et de la fin. Qu’est-il nécessaire à présent de décrire quelles grandes calamités ils eurent à souffrir dans l’une comme dans l’autre captivité, et comment, pour avoir repoussé la lumière du Seigneur, ils demeurèrent plongés dans les ténèbres et l’obscurité profonde, et comment, pour n’avoir pas voulu entendre la trompette des jours solennels, ils entendirent retentir celle des combats ? Touchant les villes fortes et les hautes tours de la Judée, qui ont été rasées jusqu’au sol, je crois qu’il appartient plutôt aux