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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/250

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dans l’espérance, qui dit en son cœur : Moi je sais, et après moi il n’y en a point d’autre. Comment est-elle devenue une solitude où paissent les hôtes ? Tous ceux qui passent auprès d’elle siffleront, et battront des mains. » Les Juifs diffèrent toute cette prophétie, et les deux précédentes contre les Philistins et contre Moab et les enfants d’Ammon, jusqu’à l’avènement du Christ, qu’ils croient devoir venir à la consommation du monde, pour reconstruire Jérusalem et délivrer son peuple de la main des nations qui le tiennent. Cela, disent-ils, ressort de ces paroles : « Il sera adoré par chaque homme dans chaque pays, par toutes les îles des nations. » Outre les peuples nommés déjà, les Éthiopiens aussi et l’Assyrie avec Ninive, sa capitale, seront changées en solitude. Toutes les bêtes de la terre, ou, d’après l’hébreu, toutes les bêles des nations, se reposeront dans cette ville. Les Juifs pensent que les botes des nations désignent tous les peuples qui doivent renverser Ninive. Bien que Ninive se traduise par « belle », en cet endroit, ils appliquent « belle » à Babylone, prétendant que ce qui suit : « Le butor et le hérisson habiteront sur le seuil de ses palais », et le reste, conviennent mieux à Babylone, contre laquelle Isaïe prédit la même désolation. D’autres, au contraire, affirment qu’il s’agit évidemment de l’Assyrie, dont le prophète vient de dire : « Il étendra sa main sur l’Aquilon, il perdra As s lu 1 et il changera Ninive eu solitude. » Or, cette mention expresse des Assyriens veut qu’on entende qu’il s’agit de Ninive, et non pas de Babylone, qui est la ville des Chaldéens. La présence de l’onocrotale et du hérisson dans ses portes et du corbeau sur ses portiques est, continuent-ils, un indice de « dépopulation, et il y a deux sortes d’onocrotales : celui qui est aquatique et celui qui vit dans les déserts. Quant aux paroles : « Une voix chantera sur ses fenêtres », il faut entendre par là, soit les démons, soit les cris des différents oiseaux qui ont coutume de se fixer dans les villes désertes. Les Septante ont traduit comme moi par « corbeau » le mot hébreu Hareb, qui, selon la manière dont on le lit, répond à « corbeau » ou à « sécheresse », qui est la traduction d’autres interprètes, on à « glaive », qui est celle d’Aquila. Après le renversement de Ninive, comme pour insulter à sa ruine, le discours du prophète poursuit : « Voilà cette cité superbe, habitant dans la confiance en elle-même, qui disait en son cœur : Moi je suis, et hors de moi il n’v a point d’autre ville. Comment est-elle devenue un désert, repaire des bêtes ? Quiconque la traversera, sifflera et battra des mains. » D’après ce qui a été déjà dit, ou ce sont des bêtes véritables qui habiteront dans la ville déserte, ou