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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/251

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assurément la foule des nations différentes est indiquée sous cette figure des bêtes. Que si quelqu’un demandait comment, appliquée à l’histoire, cette prophétie a trait aux temps de Nabuchodonosor, alors qu’on y nomme aussi les Éthiopiens et les Assyriens, auxquels les Mèdes et les Perses n’ont rien fait, qu’il lise les histoires : il y verra rassujettissement des Assyriens eux-mêmes et des Éthiopiens aux Mèdes, et l’étendue de l’empire de Cambyse, et la puissance de Cyrus, et tous les événements qui curent lieu dans la suite. Voilà comment les Juifs commentent cette prophétie.

D’autre part, si nous observons que dans toutes les Écritures le nom d’Éthiopiens est donné à ceux qui sont complètement plongés dans les vices, selon ce qui est dit dans Jérémie : « L’Éthiopien peut-il changer sa peau ? » Jer. 13, 23, on peut espérer que, si les Éthiopiens retournent au bien, aucun de ceux qui auront consenti à faire pénitence ne sera exclu du salut. Aussi l’âme souillée, l’âme que les ordures des péchés déparent encore, dit-elle d’abord : « Je suis noire ; » Can. 1, 4 ; et plus tard, quand elle a été purifiée et lavée parla pénitence, il est écrit d’elle à la fin du Cantique des cantiques : « Quelle est celle-ci qui s’élève toute blanche ? » Can. 8, 5. Moïse, c’est-à-dire la loi spirituelle du Seigneur, prit pour épouse une Éthiopienne d’entre les nations ; Exo. 2, 1 seqq. et Marie, c’est-à-dire la synagogue des Juifs, et Aaron, c’est-à-dire le sacerdoce selon la chair, et non selon l’ordre de Melchisédech, murmurent contre la loi, mais c’est en vain. Aussitôt la synagogue est envahie de la lèpre, et, après avoir été rejetée hors du camp, au temps révolu, elle y est ramenée à la prière de Moïse lui-même, parce que les mains de l’Éthiopie s’étaient déjà élevées vers Dieu. Psa. 67, 1 seqq. La parole divine menace donc ici ceux qui, étroitement liés aux péchés et noircis par les souillures des vices, ne veulent pas se convertir au bien et laver la couleur ténébreuse qui les couvre ; elle les menace de ce glaive dont parle aussi, à mon sens, la Genèse : « Il établit des Chérubins qui faisaient étinceler une épée de feu pour garder le chemin qui conduisait à l’arbre de vie » ; Genes. 3, 24 ; et Isaïe : « Il suscitera une épée grande et sainte contre le dragon, serpent tortueux, et il le mettra à mort en ce jour-là. » Isa. 27, 1, d’après les Septante. Elle annonce qu’ils seront ou blessés ou mis à mort par le glaive, afin que, redoutant les peines, ils fassent pénitence à l’exemple de Ninive, Jon. 3, 1 seqq. et ne portent pas le poids des maux dont le Seigneur les menace. C’est aussi le sens dont résonne cette prophétie de Jérémie : « Je parlerai contre un peuple et contre un royaume, et je les ôterai et les anéantirai ; mais s’ils font pénitence, à mon tour je me repentirai de tous les maux dont ma parole les avait menacés. » Jer. 18, 7-8. On ne saurait révoquer en doute d’ailleurs que, si le Seigneur