Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/252

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menace ici les Éthiopiens du glaive, c’est pour les convertir au Lien, puisqu’il dit un peu plus loin, dans ce livre même : « D’au-delà des fleuves de l’Éthiopie viendront mes suppliants, et mes enfants dispersés m’apporteront leurs dons », Sop. 3, 10, ou, d’après la version des Septante ; « Je ramènerai mes enfants dispersés des confins des fleuves de l’Éthiopie, et ils m’offriront des hosties. »

Après cela, c’est toujours le Seigneur qui parle dans le môme sens que plus haut ; mais l’esprit prophétique dit de lui : « Il étendra sa main sur l’Aquilon et il perdra Assur » ; sur l’Aquilon, dont Jérémie a dit : « De l’Aquilon viendront les maux qui s’allumeront contre tous les habitants de la terre » ; Jer. 1, 14 ; et dont Salomon parle ainsi : « L’Aquilon est le vent le plus dur ; on lui donne le nom de vent de droite. » Pro. 25, 23. Dieu étend sa main qui inflige les supplices, afin que l’Aquilon sente les châtiments avec ceux qui habitent dans sa terre, vers laquelle, d’après Zacharie, vont les chevaux noirs dont il est écrit : « Il y avait des chevaux noirs, et ils allaient dans la terre de l’Aquilon. » Zac. 6, 6. Et vraiment, celui qui change la direction de ses pieds et s’éloignant de l’Orient, dont le même Zacharie a dit : « Voici un homme, l’Orient est son nom », Ibid. 12, se retourne vers l’Occident, celui-là se dirige aussitôt vers l’Aquilon, qui n’est pas à droite, mais auquel on donne faussement le nom de vent de droite. La chose s’explique même physiquement : Quiconque s’arrête à l’Orient et se retourne pour regarder vers l’Occident, a l’Aquilon à sa droite, et ceux qu’atteint alors son souffle froid l’appellent vent de droite ; mais il n’est à droite que de nom, et il est plutôt à gauche tant en réalité qu’eu égard à ses effets. Après que le Seigneur aura étendu sa main sur l’Aquilon, il perdra aussi Assur, dont le nom veut dire, non pas « qui dirige », comme beaucoup le pensent à tort, mais « qui reprend » et « qui convainc. » Le diable est à la fois notre ennemi et l’instrument de la vengeance divine ; il suggère lui-même les péchés et il reproche ensuite les péchés à ceux qui les ont commis ; voilà pourquoi il est dit de lui qu’il reprend et qu’il convainc. C’est lui, à mon avis, qui est ce prince des Assyriens qui habite à l’Aquilon, qui a pour capitale Ninive, et qui dit dans Isaïe : « J’agirai dans ma force ; par ma sagesse et par mon intelligence j’effacerai les limites des peuples et j’anéantirai leurs couvées », Isa. 10, 1 seqq. d’après les Septante. Ce qui suit, au sujet de la dévastation de Ninive : « Les troupeaux, paîtront au milieu d’elle, 150 toutes les bêtes de la terre, les caméléons et les hérissons feront leur couche de ses crèches ; les bêtes se reposeront sur ses portes, elles corbeaux sur ses fenêtres, », etc, me semble devoir être entendu soit d’après ce qui est écrit dans Jonas, soit d’après ce qui est écrit dans Nahum. Dans Jonas, nous avons par Ninive, c’est-à-dire « la belle » qui a fait pénitence à la prédication de Jonas, c’est-à-dire de