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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/456

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contraint de subir le fardeau et le poids douloureux des supplices, afin qu’il revienne de ses graves désordres et qu’il comprenne par les tourments ce qu’il n’a pas su apprécier par les bienfaits. Et pour que le châtiment des siens ne leur paraisse pas injuste, le Seigneur ajoute : « Je vous ai aimés : le Seigneur corrige, en effet, celui qu’il aime, et il châtie tout enfant qu’il accepte ; » Heb. 19, 6 ; et en disant ; « J’ai aimé », il insinue le contraire pour le moment, puisqu’il parle pour le passé. Eux de répondre avec une témérité coupable, oublieux qu’ils sont de ses bienfaits : « En quoi nous avez-vous aimés ? à quoi le Seigneur réplique : « Pour passer tout le reste sous silence, même votre récent retour de la captivité de Babylone, je remonterai jusqu’à votre berceau : avant que vous veniez au monde, bien plus, avant même que Rebecca vit Esaü et Jacob sortir de son sein, je vous ai aimés en Jacob, et en Esaü j’ai haï les Iduméens. Ce passage, Paul l’évoque aussi dans une mystique argumentation, dans sa lettre aux Romains, où il unit ensemble les deux témoignages de la Genèse et de Malachie : « Et Rebecca aussi, qui eut à la fois deux fils d’Isaac notre père, car quoiqu’ils ne fussent point nés encore ou qu’ils n’eussent rien fait de bien ni de mal, afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection, non à cause de leurs œuvres, mais à cause de la volonté de celui qui appelle, il leur fut dit que l’aîné servira le jeune, selon ce qui a été écrit : « J’ai aimé Jacob et j’ai eu Esaü en haine. » Rom. 9, 10 et seqq. Quand il dit, selon ce qui a été écrit, il fait allusion au livre de la Genèse et au prophète Malachie. Non seulement, dit-il, j’ai aimé Esaü avant qu’il naquît et j’ai haï Esaü avant qu’il sortît du sein de sa mère, mais j’ai reporté sur leur postérité l’amour et la haine que j’avais pour eux : la haine sur Esaü, dont j’ai réduit en solitude les montagnes appelées Seir, rendu les villes désertes, et j’en ai fait la possession des serpents et des bêtes. Et si Edom ou Ésaü dit : En vérité, nous avons été détruits au bon plaisir de la colère divine, nous rebâtirons de nouveau nos villes, sachez, car le Seigneur le dit d’avance, que s’ils bâtissent, je détruirai et que leur perpétuelle ruine affirmera ma constante colère. J’ai démontré par des faits ma haine contre Esaü, je prouverai mon amour pour vous, c’est-à-dire pour Jacob, par ce qui va suivre. Vos yeux le verront détruit et réduit en désert et vous direz : « Que le Seigneur soit glorifié sur la terre d’Israël ; » et la comparaison des maux que votre frère endure vous fera apprécier les bienfaits de Dieu sur vous. Les Juifs se flattent à tort que les Romains sont Edom, qu’ils sont eux l’Israël annoncé de la fin des temps, et qu’à la chute de l’empire romain, c’est-à-dire iduméen, le sceptre de l’univers passera dans leurs mains. Nous avons, cela disant et comme nous avons pu, jeté les fondements de l’histoire : venons-en main