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madame d’youville

son tour, Mgr de Pontbriant, ayant vu par lui-même l’état dans lequel se trouvait la communauté des Hospitaliers, non seulement confirma cette défense, mais leur annonça même son intention de les remplacer par les Sœurs Grises. Réduits bientôt à cinq membres, dont trois fort âgés, ils avaient fait, afin d’éviter l’extinction dont ils étaient menacés, plusieurs tentatives, toutes inutiles, pour s’associer à divers instituts de France. Ces insuccès et l’état précaire dans lequel ils se trouvaient les firent songer sérieusement à abandonner l’Hôpital Général.

M. Normant n’ignorait pas la ruine qui menaçait l’œuvre des Frères Hospitaliers ; il en souffrait et, dans sa sollicitude de pasteur, il cherchait un remède à ce triste état de choses. Sans laisser entrevoir la solution qu’il désirait amener, il préparait Mme d’Youville et ses compagnes à se charger de cette œuvre. Depuis neuf ans, elles s’exerçaient au soin des pauvres et des infirmes ; il les formait à toutes les pratiques de la vie religieuse.

Mais il lui fallait faire accepter son projet par les chefs de l’Hôpital, qui étaient l’évêque, le gouverneur et l’intendant. Malheureusement, M. Normant rencontra chez eux une forte opposition. Ces messieurs, prévenus par les rapports défavorables que les amis des frères faisaient circuler dans le public contre la fondation de Mme d’Youville, avaient même déjà écrit en France à ce propos, et, dans sa lettre, Mgr de Pontbriant exprimait à la cour son