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Mme d’Youville était guidée dans cette œuvre délicate et difficile par le désir de sauver les âmes de ces malheureuses, et les menaces de mort ne furent pas les seuls ennuis que son dévouement lui attira.

L’intendant Bigot, que l’on a vu poursuivre Mme d’Youville avec tant d’injustice, lui fit aussi sentir son mauvais vouloir à l’occasion de l’admission de ces femmes perdues à l’hôpital. Il alla jusqu’à lui défendre d’en recevoir, et voici dans quels termes il lui en fit l’injonction : « Pour remédier à de pareils abus, » (qui étaient d’avoir coupé les cheveux à ces femmes) « je vous enjoins expressément de ne recevoir aucune femme ou fille que par mon ordre, que je vous enverrai par écrit lorsque je le jugerai à propos. »

Les événements que nous venons de raconter nous ont fait voir que les soupçons, les insultes, les menaces, la calomnie et les persécutions n’ont point épargné Mme d’Youville, qui, malgré tout, sut toujours se garder douce et résignée. Forte de la grâce de Dieu, elle sut accomplir, malgré tous les obstacles, la volonté de Celui à qui elle s’était donnée sans partage et qui devait être à jamais son unique appui et sa seule espérance !

Nous verrons dans les pages suivantes comment elle compléta le développement de son œuvre et quels moyens sa grande charité sut inventer pour en assurer la stabilité.