D’un tel père, d’une telle mère, d’aïeux et de parents aussi distingués, notre Vénérable ne pouvait que recevoir de bons exemples et hériter de nobles sentiments.
Ses pieux parents la présentèrent au baptême le lendemain de sa naissance : elle y reçut les noms de Marie-Marguerite. Elle eut pour parrain Jacques-René Gauthier de Varennes, et pour marraine Marie-Marguerite Gauthier de Varennes.
Rien ne manquait à cette enfant, à qui le ciel réservait un rôle privilégié. Fille de parents chrétiens et nobles, petite-fille d’un gouverneur et d’un saint, ses premières années s’écoulèrent heureuses et souriantes, au manoir paternel. Mais la souffrance, épuration des justes, sillon que les âmes saintes et bénies doivent féconder de leurs larmes et souvent de leur sang, ne devait pas tarder à apparaître dans la vie de Mme d’Youville, et ce fut presque au sortir de son berceau qu’elle la rencontra.
La mort d’un père bien-aimé vint briser l’existence de la petite Marguerite et mettre fin aux quelques années heureuses vécues au sein d’une famille aussi unie que respectée. M. de La Jemmerais, dont les succès militaires avaient été rapides et brillants, avait été promu, en 1705, du grade de lieutenant à celui de capitaine : moins de trois ans après, alors que ses succès passés lui donnaient les plus grands espoirs pour l’avenir, il était enlevé à l’affection de sa femme et de ses enfants. Mme de La Jemmerais