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madame d’youville

restait donc seule, avec la tâche d’élever, sans fortune, six enfants en bas âge, dont Marie-Marguerite était l’aînée. « On sait que la plupart des gentilshommes français qui allaient se fixer au Canada, » dit M. Faillon, « n’y portaient pour tout bien que leur épée et leur bravoure, et que nonobstant les grandes concessions de terres qu’ils obtenaient aisément, leur état de médiocrité n’était pas rendu meilleur par la possession de ces vastes domaines qui ne leur offraient encore que des espérances pour l’avenir. »[1]

M. de La Jemmerais n’était pas une exception à cette règle : il ne possédait d’autre bien que les appointements de sa solde, qui avaient suffi jusque-là à l’honnête entretien de sa famille, mais qui ne lui avaient pas permis d’assurer l’avenir de ses enfants.

Notre héroïne se trouvait donc orpheline à sept ans. Nous verrons comment, avec son intelligence précoce et son jugement déjà préparé à comprendre sa position, elle étonna son entourage et les amis de sa famille par une énergie au-dessus de son âge et les belles qualités que les épreuves développèrent en elle.



  1. Vie de Madame d’Youville, p. 5.