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Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/167

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On doit seurement dire

L’homme qu’on doit priser,
Quand le Ciel vient l’eslire
Pour le favoriser,
Ne devoir jamais craindre
L’Ocean furieux,
Lors que mieux semble atteindre
Le marche-pied des Dieux ;
Plongé dans la marine,
Il doit vaincre en la fin,
Et s’attend à l’espine
De l’attendant Daulphin.
La guerre impitoyable,
Moissonnant les humains,
Craint l’heur espouventable
De ses celestes mains.
Tous les arts de Medee,
Le venin, la poison,
Les bestes dont gardee
Fut la riche toison,
Ny par le bois estrange
Le lyon outrageux, (320)
Qui sous sa patte range
Tous les plus courageux,
Ny la loy qu’on revere,
Non tant comme on la craint,
Ny le bourreau severe,
Qui l’homme blesme estraint,
Ny les feux qui saccagent
Le haut pin molestans,
Sa fortune n’outragent,
Rendans les dieux constans, (330)
Mais ainsi qu’autre chose
Contraint sous son effort,
Tient sous sa force enclose
La force de la mort ;
Et, maugré ceste bande (335)
Tousjours en bas filant,