Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/174

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i, ainsi ton souci finira.
Et quand aux plains, veux tu plaindre celuy
Qui de tout temps te brassa tout ennuy,
Qui n’estoit né, sans ta dextre divine,
Que pour la tienne et la nostre ruine ?
Te souvient il que, pour dresser ta guerre,
Tu fus hay de toute nostre terre,
Qui se piquoit mutinant contre toy
Et refusoit se courber sous ta loy,
Lors que tu prins pour guerroyer Antoine
Des hommes francs le quart du patrimoine,
Des serviteurs la huictiesme partie
De leur vaillant, tant que ja divertie
Presque s’estoit l’Italie troublee ?
Mais quelle estoit sa peine redoublee,
Dont il taschoit embrasser les Rommains,
Pour ce Lepide exilé par tes mains ?
Te souvient-il de ceste horrible armee
Que contre nous il avait animee ?
Tant de Rois donc qui voulurent le suivre,
Y venoyent ils pour nous y faire vivre ?
Pensoyent-ils bien nous foudryez exprés,
Pour deplorer nostre ruine aprés ?
Le Roy Bocchus, le Roy Cilicien,
Archelaus, Roy Capadocien,
Et Philadelphe et Adalle de Thrace,
Et Mithridate usoyent ils de menace
Moindre sus nous, que de porter en joye
Nostre despoüille et leur guerriere proye,
Pour à leurs Dieux joyeusement les pendre
Et maint et maint sacrifice leur rendre ?
Voila les pleurs que doit un adversaire
Apres la mort de son ennemy faire.

OCTAVIEN.
O gent Agrippe, ou pour te nommer mieux,
Fidelle Achate, estoit donc de