Aller au contenu

Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

istresse.

LE CHŒUR.
O quel heur à la personne
Le ciel gouverneur ordonne,
Qui, contente de son sort,
Par convoitise ne sort
Hors de l’heureuse franchise,
Et n’a sa gorge submise
Au joug et trop dur lien
De ce pourchas terrien,

Mais bien les antres sauvages,
Les beaux tapis des herbages,
Les rejettans arbrisseaux,
Les murmures des ruisseaux,
Et la gorge babillarde
De Philomele jasarde,
Et l’attente du Printemps
Sont ses biens et passetemps.

Sans que l’ame haute volante,
De plus grand desir bruslante,
Suive les pompeux arrois,
Et puis, offensant ses Rois,
Ait pour maigre recompense
Le feu, le glaive, ou potance,
Ou plustost mille remors,
Conferez a mille morts.

Si l’inconstante fortune
Au matin est opportune,
Elle est importune au soir.
Le temps ne se peut rassoir ;
A la fortune il accorde,
Portant à celuy la corde
Qu’il avoit paravant mis
Au rang des meilleurs amis.

Quoy que soit, soit mort ou peine
Que le soleil nous rameine
En nous ramenant son jour,