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Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/206

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é courage
N’eust point esté mescreu de telle rage,
Qui n’estoient point geantes serpentines,
En redoubalnt leurs rages feminines,
Pour au vouloir de Cesar n’obeir,
Leur propre vie ont bien voulu trahir.
O Jupiter ! ô Dieux ! quelles rigueurs
Permets tu donc à ces superbes cœurs ?
Quelles horreurs as tu fait ores naistre,
Qui des nepveux pourront aux bouches estre,
Tant que le tour de la machine tienne
Par contrepois balancé se maintienne ?
Dictes moy donc, vous, brandons flamboyans,
Brandons du Ciel toutes chose voyans,
Avez-vous peu dans ce val tant instable
Découvrir rien de plus espouventable ?
Accusez-vous maintenant, ô Destins,
Accusez-vous, ô flambeaux argentins :
Et toy, Égypte, à l’envie matinee,
Maudi cent fois l’injuste destinee :
Et toy, Cesar, et vaus autres, Romains,
Contristez vous ; la Parque de vos mains
A Cleopatre à ceste heure arrachee,
Et maugré vous vostre attente empeschee.

LE CHŒUR.
O dure, helas ! et trop dure avanture,
Mille fois dure et mille fois trop dure !

PROCULEE.
Ha ! je ne puis à ce crime penser,
Si je ne veux en pensant m’offenser :
Et si mon cœur à ce malheur ne pense,
En le fermant, je luy fais plus d’offense.
Escoutez donc, Citoyens, escoutez,
Et m’escoutant, vostre mal lamentez.
J’estois venu pour le mal