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le robinson suisse.

les pluies de l’hiver. Notre viande était fumée, mais il me restait à faire une dernière visite au nid d’autruche ; j’espérais un meilleur résultat que pour la première visite. En outre, les incisions que j’avais faites aux arbres d’euphorbe avaient dû en laisser couler la gomme, qu’il fallait recueillir. Le tout pouvait se faire à cheval en une seule journée, malgré la longueur des distances à parcourir.

Chacun se hâta dans ses préparatifs, et ma femme emplit nos sacs de provisions pour la journée. Je devais monter l’onagre de Fritz, et mon fils aîné, moins lourd que moi, prenait en échange le jeune ânon, Léger, qui, comme le lecteur se le rappelle sans doute, m’avait été cédé en toute propriété pour le soin de son éducation. Il était devenu un gentil animal, justifiant déjà par sa rapidité le nom que je lui avais donné ; mais, comme il n’avait pas eu le temps de parvenir à toute sa croissance, je craignais que le poids de mon corps, pendant toute une journée, ne le fatiguât beaucoup.

Ernest montrait de moins en moins de goût pour nos expéditions. Aussi avait-il remplacé François près de sa mère ; et celui-ci ne demandait pas mieux que de prendre part aux excursions avec ses frères. Je ne voulais pas contrarier les goûts de l’un ni de l’autre ; et puis Ernest, avec son caractère un peu nonchalant, nous rendait plus de service en restant avec ma femme pour garder nos bagages et préparer notre cuisine qu’il n’eût pu le faire dans une chasse où l’activité était une des premières qualités requises. Quant à Jack, il était si bien convenu qu’il devait être de toutes les excursions, qu’avant même que j’eusse désigné les chasseurs il était allé préparer son cher buffle. Nous emmenâmes nos deux chiens.

Nous reprîmes la route de la vallée, mais dans une direction opposée à la caverne des Ours ; en passant près de l’oasis, nous remplîmes nos gourdes d’eau fraîche. Nous arrivâmes ainsi à la tour des Arabes : tel est le nom que je