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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/354

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le robinson suisse.

place du rameur était non pas au milieu, mais à l’arrière, car j’espérais utiliser l’avant, en mettant plus tard un mât et une voile. Pour le moment, nous devions diriger l’esquif avec deux rames plus longues que d ordinaire, faites avec du bambou. À leur extrémité, je plaçai une vessie pleine d’air qui servirait de contre-poids dans le cas où l’eau, soulevant le caïak, menacerait de le renverser.

Notre canot était terminé. Fritz en réclama la possession, comme en ayant le premier donné l’idée. Du reste, il la méritait à tous égards, au titre du plus hardi et meilleur nageur de nous tous. Ernest et Jack n’élevèrent donc aucune prétention à un bien qui, jusqu’à présent, leur semblait devoir procurer plus de dangers que de plaisirs. Mais moi, d’un autre côté, je ne voulais pas que Fritz fît l’essai de son nouvel esquif, sans être muni d’un véritable corset de natation. Les ceintures de liège ne suffisaient pas, car l’eau, pouvant pénétrer par l’ouverture du caïak, l’aurait fait enfoncer et avec lui le rameur prisonnier dans son trou. Je mis alors la bonne volonté de notre ménagère à contribution, et, d’après mes indications, elle exécuta un appareil complet. Voici de quoi il se composait : d’abord d’un corset fait avec les boyaux de chiens de mer, ouvert seulement au haut et au bas, en sorte qu’on le passait par-dessus la tête, les bras levés en l’air ; il s’adaptait à la poitrine et se fixait à la ceinture du pantalon. Ce corset fut recouvert d’une seconde peau, beaucoup plus large, qui s’attachait aux épaules, aux hanches et au cou. Il y avait un rebord dans le bas, qui venait s’emboîter par-dessus le rebord de l’ouverture du caïak, de manière que le rameur et le bateau ne fissent plus qu’un, comme je l’ai dit plus haut. L’eau ne pouvait donc pas pénétrer par l’ouverture, et, comme toutes les coutures avaient été faites avec soin, et de plus enduites de résine, il se formait entre les deux peaux un gonflement provenant de l’air insufflé par un petit tuyau de bambou muni d’un bouchon. Le rameur pouvait donc alors se gon-