cursion importante : il devait rapporter les deux fruits que lui demandait sa mère, et, en outre, se charger de nombreux échantillons de toutes les richesses animales ou végétales qui lui sembleraient inconnues ou dignes d’attention. Comme le caïak ne pouvait pas contenir tout cet appareil, il attacha à l’arrière un radeau californien en roseaux, que sa légèreté permettait de faire flotter aisément sur l’eau et de remorquer sans trop de fatigue.
Le lendemain, après avoir reçu nos souhaits de bonne réussite, il s’embarqua et se dirigea vers l’autre rive du fleuve.
Le même soir, nous le vîmes revenir lentement : le radeau était tellement chargé, qu’il s’enfonçait dans l’eau et qu’une partie de la cargaison elle-même flottait à la surface et nous arrivait toute mouillée.
À la vue des richesses que rapportait leur frère, Ernest, Jack et François poussèrent des cris de joie et se mirent à opérer le débarquement avec autant de zèle que les matelots de Cadix en mettaient à recevoir autrefois les galions chargés d’or de l’Amérique. Chacun se partagea le butin et s’empressa de le porter dans la cabane ; mais, pendant qu’Ernest et François prenaient les devants, je vis maître Jack qui recevait mystérieusement des mains de Fritz un grand sac humide dont l’agitation continuelle prouvait suffisamment qu’il servait de prison à quelque animal encore vivant. Jack s’empressa de l’ouvrir, et la vue du contenu lui arracha une exclamation de surprise et une gambade de satisfaction ; il remercia son frère de ce cadeau. Puis, après avoir caché momentanément ce sac dans un endroit écarté où il pouvait plonger dans l’eau, il revint le reprendre à notre insu ; nous ne connûmes que plus tard ce qu’il contenait.
Fritz, enfin, sauta à terre. Il tenait à la main un bel oiseau vivant dont il avait attaché les pattes et les ailes ; il nous le présenta avec un air modeste sous lequel perçait