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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/153

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mine ». Il faut lire ce qu’il dit du cheval de trait qui, attelé au côté du train, tire les wagons (Lettre V) — une créature qu’il ne peut jamais voir, dit-il, « sans une espèce de vénération », parole bien digue de Saint François d’Assise. « La religion du coquin, dit-il ailleurs, est toujours ce qu’il y a en lui de plus pourri ».

L’exposé des quatre manières dont on considère la Bible de nos jours est vrai et admirablement bien déduit ; et c’est là, peut-être, que nous avons la première et la plus nette indication du chemin que l’esprit de Ruskin avait parcouru depuis le rigide calvinisme de sa mère. Oser dire que « la vertu est impossible sans la crainte de l’enfer », c’est être soi-même dans un enfer. Le pouvoir de la musique fut-il jamais plus glorieusement célébré que par ces mots (Lettre XI) ? « De tous les plaisirs de ce monde, la musique est le plus à notre portée, le plus mesuré, le plus délicat, le plus parfait ; il est le seul qui convienne également à tous l`es âges, depuis le chant de nourrice qui berce l’enfant, jusqu’à ces accents, entendus d’eux seuls, qui charment parfois à leur lit de mort les esprits purs et innocents ». Un état moderne ressemble à un bateau « dont le pont a l’aspect d’une galère de Cléopâtre mais dont l’entrepont est un hôpital d’esclaves ». Ceux qui désirent le plus ardemment faire quelque bien discernent