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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/181

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de si vives émotions qu’il ne peut s’occuper des principes généraux de l’Art et qu’il se connue dans la technique de la sculpture. Il prend, par exemple, un plat de porcelaine, décrit sa rondeur, ses rebords, son dos, les uns servant de poignée, l’autre de support permanent. En fait d’ornement, le plat porte sur ses bords six roses peintes, et de cet objet il passe tout à coup au porche de San Zenone à Vérone, dont il montre une belle photographie, et de là, par une de ces transitions dont Ruskin a le secret, à la monnaie si élégante de Syracuse, portant une thèse d’Aréthuse dessinée par Cimon.

« Il n’y a pas d’exemple d’une belle sculpture qui ait été produite par un peuple apathique, faible ou en décadence. Son théâtre peut gagner en grâce et en esprit, mais, dans ses jours de déclin, sa sculpture sera toujours inférieure ». Cela donne à réfléchir, si l’on se rappelle que le modèle de Praxitèle pour son Aphrodite ne lut autre que Phryné et que Michel-Ange travailla pour les papes et les princes du xvie siècle. « L’école grecque de sculpture est née de l’effort national vers la justice et elle en est une conséquence. » On s’étonne que le nom même de l’Aphrodite de Melos n’éveille pas dans l’esprit du Professeur le souvenir de l’affreuse sentence du Demos athénien contre les habitants de Melos. « Tous les arts qui ont la religion pour fondement, surtout la sculpture, sont main-