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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/246

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d’apôtres des réformes sociales, dans notre temps, ont essayé de mettre en pratique leurs conceptions utopiques et de fonder des institutions pour donner corps à leurs idées. Mais, en 1871, Ruskin se trouvant libre de tous liens, riche, célèbre, avec des amis puissants, résolut de consacrer toutes ses ressources et toute son intelligence à donner, par ses actes mêmes, des exemples de La Vie Nouvelle.

Cette Vie Nouvelle, telle que Ruskin la concevait, devait être moins un progrès sur l’état Présent, qu’un retour vers le Passé. C’était l’esprit du Moyen Age, mais sans les violences de la féodalité et les superstitions du catholicisme. Elle ne serait ni communiste, ni monastique car elle devait, au contraire, développer au plus haut point les institutions telles que la propriété héréditaire et la famille. Elle devait montrer au monde une Chevalerie sans Guerre, une Piété sans Église ; une Noblesse sans Luxe et sans Oisiveté, et une Monarchie sans Libertinage ni Orgueil ; c’était un peu le type d’un fief chevaleresque du xiiie siècle, en Toscane, comme celui d’un Bellincion Berti de la Commedia idéalisé, d’un capitaine retour des Croisades qui se dévouerait aux bonnes œuvres et guiderait les petits propriétaires qui eux le reconnaîtraient comme seigneur. Ce serait comme une seigneurie idéalisée du Moyen Age, solidement