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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/256

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l’usage individuel pour les réserver à l’utilité publique mais on y conservait, on y développait même l’institution de la propriété héréditaire et les classes possédantes gardaient leur ascendant. C’était l’anarchie sauvage dans sa haine des habitudes et des ressources de la vie moderne et cependant on y introduisait un degré d’obéissance digne d’un couvent de moines. On ne libérait le travail du joug capitaliste que pour le rejeter sous une tyrannie plus étroite que celle d’une compagnie de Jésuites. C’était un idéal qui aurait pu satisfaire Saint François ou Sainte Thérèse, et cependant il n’avait rien d’ascétique et ne s’adressait qu’à des laïques réunis en société pour jouir d’une vie saine et belle. Il aurait pu contenter ceux qui écoutent avec ravissement le Sermon sur la Montagne, s’il n’avait pas trop exalté la splendeur de la Chevalerie, la soumission aux riches et aux nobles et montré aussi trop de goût pour les joies innocentes et les choses de pure beauté. La société de Saint-Georges n’a rien produit, mais elle vivra longtemps dans nos souvenirs comme le rêve touchant d’un esprit supérieur mais trop solitaire qui voulut fuir le mal et chercher le salut dans un monde plus pur.

Il y a du moins un rejeton de la Société de Saint-Georges qui eut un vrai succès — c’est le musée d’Art de Sheffield, création des dons géné-