Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/187

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offres d’une bonne et habile administration qu’il faudrait payer de sa liberté ? Lors même qu’il croirait qu’une administration bonne et habile peut exister chez un peuple gouverné par une autre volonté que la sienne, la conscience qu’il a de faire lui-même sa destinée sous sa responsabilité morale, serait une compensation qui effacerait à ses yeux beaucoup de grossièretés et d’imperfections de détail dans l’administration des affaires publiques. Soyons assurés que tout ce que nous sentons là-dessus, les femmes le sentent au même degré. Tout ce qui a été dit ou écrit depuis Hérodote jusqu’à nos jours de l’influence des gouvernements libres sur les esprits qu’elle ennoblit ; sur les facultés qu’elle élève ; sur les sentiments et l’intelligence auxquels elle présente des objets plus vastes et d’une plus grande portée ; sur l’individu à qui elle inspire un patriotisme plus désintéressé, des vues plus larges et plus sereines du devoir, et qu’elle fait vivre pour ainsi dire à un niveau supérieur de la vie du cœur, de l’esprit et de la société ; tout cela est aussi vrai pour la femme que pour l’homme. Est-ce que ces choses ne sont pas des parties du bonheur individuel ? Rappelons-nous ce que nous avons éprouvé en sortant de l’enfance, de la tutelle et de la direction des parents, fussent-ils chéris et tendres, et en entrant dans la responsabilité de l’âge viril. Ne nous a-t-il