Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/36

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tion sociale suprême soustraite à la compétition et réservée à la naissance pour des raisons majeures, toutes les nations n’en continuent pas moins d’adhérer au fond au principe qu’elles enfreignent nominalement. En effet, elles entourent cette haute fonction de conditions calculées évidemment pour empêcher la personne à laquelle elle appartient d’une manière ostensible, de l’exercer réellement ; tandis que la personne qui l’exerce en réalité, le ministre responsable, ne l’acquiert que par une compétition d’où nul citoyen arrivé à l’âge d’homme n’est exclu. Par conséquent, les incapacités qui frappent les femmes pour le seul fait de leur naissance sont l’unique exemple d’exclusion qui se rencontre dans la législation. Dans aucun cas, à l’exception du sexe qui comprend la moitié de l’espèce humaine, les hautes fonctions sociales ne sont fermées à personne par une fatalité de naissance que nul effort, nul changement ne peut vaincre. Les incapacités religieuses (qui d’ailleurs ont à peu près cessé d’exister de fait en Angleterre et sur le continent) ne ferment pas irrévocablement une carrière ; l’incapable devient capable en se convertissant.

La subordination sociale des femmes ressort comme un fait isolé, au milieu des institutions sociales modernes ; c’est une lacune unique dans leur principe fondamental ; c’est le seul