Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/32

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aventures de Lautrec, aventures qui ne laissaient pas d’être émouvantes. Je vais me borner à reproduire brièvement ce récit. Comme il me l’avait dit, Lautrec était rentré dans la peau du Cocu à roulettes et il s’était posté dans les artères que ( suivant ses renseignements) le faux cul-de-jatte fréquentait. Pendant deux jours rien ne s’était passé. Mais le troisième, au matin, un inconnu vêtu très élégamment s’était arrêté devant lui et lui avait jeté un sou d’une étrange légèreté. Tout de suite Lautrec avait remarqué que la pièce de monnaie était creuse et qu’elle contenait un morceau de papier. C’était un billet. Le détective l’ouvrit et lut :

Mon soir aura la promise
cher sans du somme Bien
ami faute nouveau que à
Venez Il Apportez-vous vous
ce y moi m’avez Elisabeth


Que signifiaient ces phrases abracadabrantes ? Lautrec ne s’attarda pas à en déchiffrer le sens. Il souleva sa casquette. C’était un signe convenu. À cent mètres de lui, un ouvrier se promenait : il vit le signe et s’approchant du faux cul-de-jatte il lui donna son obole.

— Suivez l’homme qui vient de me faire la charité, dit Lautrec sur le ton du remereciment. Le pseudo-ouvrier, qui n’était autre qu’un agent de la Sûreté déguisé, pivota sur ses talons et disparut. Lautrec avait déposé le billet ouvert dans sa casquette qu’il tenait à la main et il tâchait de le déchiffrer.

Mon soir aura la promise… répétait-il. Il n’y a pas de doute, ce sont des mots intervertis. Commençons par la fin : Elisabeth m’avez moi y ce… Pas de sens. Quelle serait la clé ?