Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/33

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Il essaya de lire en supprimant des mots ; vains efforts. Dix fois, il recommença.

— Que je suis donc stupide ! murmura-t-il enfin. La clé est simple. Les mots sont disposés, non point horizontalement, comme nous avons l’habitude de le faire, mais verticalement, un peu à la manière chinoise. Il suffit donc de lire le billet de haut en bas au lieu de gauche à droite. Lautrec venait, en effet, de déchiffrer, en prenant la première rangée des mots disposés l’un en dessous de l’autre :

Mon cher ami Venez ce…

Il entama les autres rangées :

… soir sans faute. Il y aura du nouveau. Apportez-moi la somme que vous m’avez promise. Bien à vous, Elisabeth.

La clé n’est pas compliquée, pensa le détective. Ceci tend à prouver qu’il s’agit d’une précaution élémentaire et que la lettre devait être remise en mains sûres. Reste à savoir où l’homme à qui elle était destinée doit se rendre ce soir. J’espère bien que mon auxiliaire me l’apprendra, grâce à sa filature.

Lautrec attendit toute la matinée. Enfin, l’après-midi, l’agent de la Sûreté revint :

— J’ai quelques renseignements, dit-il.

— Bien. Je serai au bureau dans une demi-heure,

À la Préfecture, le détective apprit que le passant qui lui avait remis le mystérieux billet était le baron Jérôme d’Autrive. En hâte, il fit toutes les recherches qu’il jugea utiles Le baron était de bonne noblesse. Il était célibataire. Son patrimoine, bien que fort ébréché, lui permettait de vivre. Rien dans son existence ne permettait de faire supposer qu’il fût mêlé à des affaires louches.