Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/34

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Lautrec réfléchit. Que faire ? Aller trouver le baron, le questionner ? S’il était coupable ou complice, c’était faire naître la méfiance. Mauvais moyen.

Il restait au détective un faible espoir, un vague indice. Quelle était cette Elisabeth qui avait signé le billet ?… Une maîtresse ?… Une parente ?… Une complice ?…

Nerveusement, Lautrec compulsa des registres. Tout à coup, il poussa un cri de triomphe. Il venait de trouver ou, tout au moins, il croyait avoir trouvé. La sœur du baron Jérôme d’Autrive s’appelait Elisabeth. Elle avait épousé le comte César de Riva et elle habitait un hôtel avenue Victor Hugo. C’était une mondaine ; ses salons étaient très fréquentés. Rien n’expliquait les rapports qu’elle pût avoir avec un cul-de-jatte.

« Il ne faut jamais, si l’on veut arriver à un résultat, se laisser arrêter par la barrière, souvent factice, de « l’invraisemblable » dit Lautrec. Ce soir, j’irai voir la comtesse Elisabeth de Riva. »


UN COUP DE THÉÂTRE



La nuit tombait, lorsque le détective, toujours déguisé en cul-de-jatte, s’arrêta devant l’hôtel de l’avenue Victor Hugo.

Lautrec ne s’était tracé aucun plan de campagne, il allait à l’aventure, vers l’inconnu, vers le mystère, ne sachant ce que lui réservait le hasard. Mais, prévoyant, comme toujours, il avait pris toutes ses précautions et était armé. Une heure avant, il avait appris que la comtesse était considérée comme une femme fort charitable et qu’elle recevait parfois chez elle des culs-de-jatte, à qui elle faisait largement l’aumône.

Lautrec contemplait la sonnette que, en bon invalide convaincu, il ne pouvait atteindre. Il comptait avoir recours à l’obligeance