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Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/35

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d’un passant pour lui venir en aide et il attendait… lorsque la porte cochère s’ouvrit.

Un laquais apparut sur le seuil.

— Madame la comtesse… commençait Lautrec.

— Oui, fit le laquais, comme s’adressant à une vieille connaissance, Madame la comtesse est dans son boudoir.

Le domestique referma la porte et, d’un signe, il engagea le faux cul-de-jatte à le suivre.

C’était, dans ce somptueux vestibule de marbre, un bruit bizarre que celui que faisaient les roulettes grinçantes du chariot ; mais le laquais ne semblait pas s’en offusquer, ni en rire. Il était sans doute accoutumé aux caprices de Madame la Comtesse. Il poussa même la mansuétude jusqu’à aider l’infirme à pénétrer dans un boudoir parfumé, puis il se retira. Deux minutes après, la comtesse de Riva faisait son apparition. C’était une femme d’une grande beauté, aux traits réguliers, au teint de rose qu’avivait la flamme enchanteresse de deux yeux couleur d’onde. Elle était vêtue d’une robe de dentelles qui moulait exquisement ses formes gracieuses.

Le boudoir était plongé dans la pénombre. Dès l’entrée cependant, elle aperçut le cul-de-jatte et alla à lui, en disant :

— Quelle imprudence, César ! Pourquoi prendre encore ce déguisement qui, d’un jour à l’autre, peut vous compromettre ?…

Lautrec dut se faire violence pour étouffer le cri de triomphe qui lui montait aux lèvres. Du premier coup, la comtesse venait de déchirer un morceau du voile Impénétrable qui enveloppait l’étrange affaire du Cocu à roulettes. César ! s’était-elle écriée… César, c’était le prénom de son mari. « Pourquoi encore ce déguisement ? » C’était donc le com-