Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/40

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On avait recherché le baron Jérôme d’Autrive : il avait disparu sans laisser de traces, le même soir que le comte et la comtesse de Riva. Les six femmes du noyé de la Morgue étaient étroitement surveillées. Lautrec s’était remis en campagne. Il avait acquis la certitude que le comte de Riva et l’imitateur du Cocu à roulettes n’étaient qu’un seul être et il avait pu reconstituer quelques fragments de la vie, en partie double, du comte. Celui-ci mendiait, certains jours, sous la forme d’un cul-de jatte — pour quelle raison ? il n’avait pu l’établir encore — et le soir, il apparaissait dans les salons, sous les dehors élégants d’un gentilhomme accompli.

Lautrec cherchait nuit et jour… Il ne dormait plus. Une grande joie l’attendait.

L’inspecteur de la Sûreté Bellay vint le trouver un matin et lui dit :

— J’ai retrouvé la dame brune qui, à la Morgue, déclara d’abord reconnaître son époux dans le noyé, puis se retira sans vouloir signer sa déclaration.

— Précieux ! précieux ! s’écria Lautrec. Qui est cette dame ?

— C’est Madame Pascal Aubrant, femme d’un grand négociant parisien. Elle habite actuellement une petite villa à Suresnes. J’ai observé l’habitation, j’ai fait adroitement parler les domestiques et les voisins : Mme Aubrant déclare que son mari est parti en voyage ; mais il se passe, croit-on, des choses mystérieuses dans cette maison.

— Ah !…

— Madame n’a avec elle qu’une cuisinière et une femme de chambre. Cette dernière est assez loquace : elle prétend que Madame reçoit quelqu’un en cachette ou bien qu’un homme se cache dans la maison.

— C’est parfait. Nous partons pour Suresnes.

— Tout de suite ?

— À l’instant.