Aller au contenu

Page:Joly - Note sur l'enseignement agricole en France et à l'étranger.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais nos patriotes seraient bien aises de crier « vive la République » aux oreilles des princes étrangers, comme jadis, certain personnage, aujourd’hui arrivé, cria devant le czar « vive la Pologne » !

Que nous ont rapporté les deux dernières expositions ? En 1867, nous avons vu à Paris tous les princes de l’Europe, c’est vrai, mais qu’y ont fait les étrangers ? Ils ont constaté à nouveau leur infériorité comme goût et comme invention, puis ils ont pénétré dans nos ateliers, ils ont étudié nos procédés de fabrication, copié nos modèles pour les faire à plus bas prix et, rentrés chez eux, les Anglais ont triplé leur musée industriel de South-Kensington ; à Berlin, à Saint-Pétersbourg, on a fait de même : on a attiré nos contremaîtres et fabriqué à moitié prix des marchandises inférieures, soit, mais qui se vendaient mieux pour ce motif bien simple que les acheteurs sont plus nombreux que les connaisseurs. À Paris, est-ce que tout le monde ne court pas aux magasins du « Louvre » et du « Bon-Marché » ?

Puisqu’aujourd’hui, presque tout se fabrique par des procédés mécaniques, est-ce que les machines ne fonctionnent pas de même des deux côtés du Rhin ? Reste la question de goût et de modèles : se gêne-t-on pour les copier ?

Prenons l’exposition de 1878 : celle-là a laissé un déficit de plus de trente millions et elle a élevé le prix de toutes choses à Paris ; c’est le plus clair de ses résultats. Ah ! dira-t-on, quand il y a une exposition à Londres ou à Amsterdam, nous y envoyons des députations ouvrières qui font des rapports ! Qu’y-a-t-il dans ces rapports ? On a « fraternisé » dans les clubs, on a maudit « l’infâme capital », on a parlé de « l’instruction intégrale », on a répété en chœur que « le bourgeois » est le « microbe du peuple » et tout cela coûte des centaines de mille francs à la ville de Paris. Comment en serait-il autrement, quand, après l’incendie de leurs monuments publics par les Parisiens eux-mêmes, ou plutôt par une poignée de bêtes féroces déguisées en hommes, chose dont l’histoire n’offre pas d’exemple, on voit trôner au conseil municipal et à la Chambre des députés les incendiaires ?

Comment l’ouvrier de Paris aurait-il le sens droit, quand on