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Page:Joly - Note sur l'enseignement agricole en France et à l'étranger.djvu/17

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plus en plus grande : dans ces pays neufs, la terre ne coûte presque rien, les impôts sont minimes, le service militaire nul, les machines peuvent fonctionner sans entraves et sans le morcellement du sol, le blé peut se produire à 10 ou 12 fr. aux États-Unis, à 5 ou 6 fr. dans l’Inde.

Prouvons par quelques chiffres, la confirmation des réflexions qui précèdent. Si nous consultons les « Documents statistiques réunis par l’administration des Douanes sur le commerce de la France » et publiés en janvier 1886, nous voyons qu’en dix ans, c’est-à-dire de 1876 à 1885, l’importation en France des fruits de table s’est élevée de quarante-cinq millions à cent huit millions : les vins, de vingt-cinq millions sont montés à trois cent cinquante millions. Enfin, pour ne prendre que des chiffres généraux relatifs à l’agriculture, les objets d’alimentation importés en 1876, pour 962 753 fr., ont monté à 1 380 468 francs en 1885. N’y a-t-il pas là bien des produits que nous pourrions demander à notre propre sol ?

Si nous regardons les chiffres de nos exportations, nous les voyons diminuer de 400 millions depuis 4 ans ; est-ce la un commerce extérieur en progrès ?

Trois choses auront caractérisé la fin du XIXe siècle : la construction des chemins de fer, le percement des isthmes et la fabrication presque indéfinie des produits industriels par des moyens mécaniques. De là une surabondance de ces produits, non seulement chez nous, mais chez tous les peuples voisins. De plus, l’accroissement progressif des populations européennes, en rendant la vie plus difficile sur le sol natal, les pousse à la colonisation des contrées lointaines, de même que les progrès presque sans limites de la production par les forces mécaniques obligent le commerce à chercher au loin des débouchés nouveaux et cela en dehors de toute visée politique ou de calculs stratégiques.

Qui va l’emporter dans cette lutte nouvelle ? Sera-ce la France, avec son goût incontestable et son esprit d’invention, mais avec ses armées permanentes, son budget écrasant, ses ministres de passage et ses impôts plus forts que dans toute l’Europe ? Les étrangers ont-ils tort quand ils disent que Paris