Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/135

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Si les Byzantins, de tradition romaine, de langue grecque et de coloris oriental, ne passèrent le Danube que pour écarter la menace d’une attaque des Slaves, des Avars ou des autres Touraniens et pour affirmer les droits imprescriptibles de l’Empire, il y eut des relations incessantes entre les paysans de la rive gauche et les centres urbains qui conservèrent sans interruption, pendant tout le moyen âge, leur force de rayonnement économique sur la rive opposée. Plus tard, de grecs qu’ils étaient devenus après une première phase latine, ces centres gagnèrent un caractère slave, et nous avons déjà signalé l’apport de mots étrangers qui en résulta pour la langue roumaine.

Les monnaies byzantines, en commençant par celles du VIe siècle, sont très fréquentes dans tous les trésors-monétaires qu’on a découverts dans ces régions. Mais, du moment que les Roumains n’avaient pas encore une vie organisée, un prince aux allures royales, une cour, une armée permanente, une vie sociale plus développée, avec tout le luxe d’une classe supérieure, se partageant les offices civils après avoir collaboré à la gloire du maître, cette influence de Byzance, d’un caractère surtout politique, ne pouvait pas s’exercer d’une manière sensible.

Les premiers Voévodes qui affichèrent la prétention d’être les domni « de tout le pays roumain », étaient encore de simples princes-paysans, continuant la tradition impériale dans les formes les plus modestes. S’ils se réfugiaient, au moment du danger, dans leur forteresse d’Arges, s’ils purent s’annexer le centre urbain de Câmpulung, fondé par les Teutons et habité par des bourgeois originaires de Transylvanie, s’ils avaient hérité des Tatars un système douanier et si, enfin, le Ban hongrois de Severin leur fournissait sa