Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/217

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ce fut un simple hasard si l’Autriche ne conserva pas la Petite Valachie, qui contenait les districts les plus ardemment convoités et le plus souvent dominés par les rois de Hongrie du moyen âge.

Situation des princes.— Ce siècle, qui aurait pu contenir deux ou trois grands règnes comme celui d’Etienne, compta des dizaines d’administrations passagères, de trois ans, si les circonstances étaient favorables aux simples fermiers du Sultan, de deux ans, ou le plus souvent même d’une seule année. L’instabilité était absolue, car les princes étaient soumis au moindre caprice des personnes influentes qui décidaient à la Cour corrompue de Constantinople ; on ne pensait qu’à augmenter le nombre des contribuables en ouvrant largement les portes à tous les étrangers, qui étaient, comme nous l’avons dit, en ce qui concerne les artisans et les marchands, des clients du Trésor particulier du Voévode, et en empêchant de force les émigrations des paysans exaspérés, à perfectionner la machine fiscale et à rendre plus élastiques les termes déjà fixés pour la levée des impôts, afin d’être en mesure d’entretenir à la Porte ces bonnes dispositions dont tout dépendait. Si des princes « éclairés » pensaient aux préceptes de la « philosophie » occidentale, s’ils étaient particulièrement friands des compliments qu’on pouvait leur faire dans les livres de voyage et dans les gazettes de France, si des « réformes » leur apparaissaient comme le principal but d’un règne digne d’être inscrit dans les annales de l’histoire, on voyait bien que leur préoccupation capitale restait la même : se maintenir contre des concurrents qui étaient souvent leurs propres parents, leurs cousins, leurs frères.

Les protecteurs constantinopolitains étaient le seul appui réel de ces potentats que les boïars n’avaient ni élus ni acclamés et que personne ne devait regretter à