Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/227

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passions avaient disparu. Nicolas Costin, qui essaya aussi de donner un large exposé des temps anciens de sa race, n’était qu’un pédant lourd et incapable de faire une œuvre originale avec les connaissances que lui avaient infiltrées les Jésuites polonais de Jassy. Quant à ses continuateurs, membres de la classe des boïars, on ne reconnaîtrait guère dans leur maigre exposition historique cet esprit de progrès politique que nous venons de constater.

La chronique se mourait, et aucun autre genre de littérature nationale ne venait la remplacer. Il y eut bien tout un afflux de traductions imprimées dans les typographies épiscopales et métropolitaines ; elles prospéraient, mais ne concernaient que la théologie et étaient destinées surtout à la lecture des moines, et même des membres du clergé séculier, encore très peu cultivé. Toute une école de traducteurs se forma dans le grand couvent de Neamt, sous l’influence d’un étranger, d’un Russe, revenu du Mont Athos, Païsius. Mais on ne trouve que rarement, dans quelques préfaces lourdes, confuses et naïves, l’expression des idées qui devaient renouveler la société roumaine. Un noble, qui connaissait, non seulement les langues orientales, mais aussi le français, l’italien, auquel il emprunta des néologismes qu’il mêle aux néologismes turcs, Jean (Jenachita) Vacarescu, auteur d’une Histoire des empereurs ottomans imitée de l’Orient, s’avisa d’écrire une Grammaire de la langue roumaine et donna des vers, moins pour faire œuvre poétique que pour montrer l’application des règles de la prosodie. Mais pour rendre la vie à l’âme roumaine, il eût fallu des écrits animés d’une inspiration nouvelle.

On ne pouvait même pas penser à une littérature bourgeoise, la classe moyenne étant composée en grande partie d’étrangers, surtout de nouveaux arrivants,