Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/253

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nationale ». S’il n’était plus légalement l’ancien serf, il l’était resté de fait, et les journées de travail pour le maître, d’une proportion si modérée en apparence, contenaient en réalité presque autant de semaines. En réalité cet arrangement aboutissait à opposer continuellement le prince aux boïars, dont les chefs rêvaient du trône, même lorsqu’ils avaient les dehors chevaleresques d’un Câmpineanu, et il profitait surtout au consul de Russie, qui était le plus souvent un simple aventurier allemand ou polonais, avide, ambitieux et acariâtre, aussi mal élevé que possible. Entre boïars, on ne pouvait jamais s’entendre et le « hospodar », ancien boïar, devait rentrer, malgré son privilège viager, dans les rangs de sa classe. Des quatre princes de cette époque du Règlement Organique, pas un ne finit ses jours sur le trône : Alexandre Ghica fut destitué ; son successeur en Valachie, Georges Bi-bescu, renversé par une révolution ; le troisième prince valaque, Barbu Stirbei, fut renversé pendant la guerre de Crimée, de même que son voisin moldave, Grégoire Ghica IV, dont le prédécesseur Michel Sturdza, avait été contraint de démissionner. Sans doute de nouvelles routes furent ouvertes, des travaux d’édilité exécutés, des écoles construites, telle « l’Académie » fondée par Sturdza à Jassy, en opposition à l’école bucares-toise de Saint-Sabbas. Mais l’ancienne classe dominante avait fourni la preuve de son impuissance à rien faire en dehors de ces intrigues dont l’art raffiné avait passé de Byzance au Phanar et du Phanar dans les Capitales danubiennes.

Littérature roumaine dans les principautés.— La vie de la nation se trouvait de fait ailleurs. Lazar, complètement brisé, agonisant, avait quitté, après les troubles de 1821, Bucarest, en bénissant l’avenir du pays dont il venait de relever, par sa foi sincère, l’esprit