Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/30

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la riche plaine nourricière, mais bien des Gètes de race presque pure, dont les coutumes et les croyances les distinguaient si nettement des nations voisines.

C’est le contact des Scythes probablement qui vint ajouter les connaissances militaires à leurs vertus guerrières. L’idée politique macédonienne, empruntée elle aussi aux Perses — les rois des Scythes, du reste, n’étaient pas d’autre provenance, — contribua essentiellement à faire progresser le groupement naturel des différents éléments de leur race ; les Gètes devinrent eux aussi désireux d’établir une royauté conquérante, capable, non seulement de les défendre, mais aussi d’étendre le territoire de la race.

Un Dromichète, un Orole, un Zyraxès, de même que leur prédécesseur avant l’époque macédonienne, le grand Sitalkès, qui régnait de la Transylvanie jusqu’à la Mer, furent donc des rois thraces indigènes, correspondant parfaitement aux rois scythes de la Dobrogea, éphémères comme eux, malgré leur rapide passage à travers les pages de l’histoire. Ils purent se rendre compte bientôt que cette nouvelle royauté, ayant encore, bien que des places fortes comme Gé-nukla défendissent le Danube, son centre dans les Balcans, ne peut ni dominer le Danube, ni s’appuyer sur les Carpathes, seules conditions pour pouvoir se maintenir. Il fallait, en plus, une autre énergie que celle de ces cultivateurs plutôt paisibles, qui avaient senti depuis longtemps le goût amollissant des richesses. Les rois de la conquête devaient surgir pour les Thraces dans la montagne de Transylvanie, de même que dans la montagne du Pinde avaient surgi pour les Illyriens, leurs frères, les rois de la conquête macédonienne.

Dans ces vallées des Carpathes, il y avait déjà eu un peuple thrace florissant, celui des Agathyrses, dont