Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/34

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ces étrangers par les cités purement romaines créées sur la rive de l’Adriatique, puis son voisin du Pinde, Illyrien ou Thrace, et enfin les laboureurs des vallées balcaniques furent lentement submergés par ce flux incessant d’une population qui apportait des vertus ethniques supérieures, et une langue faite pour servir de communication universelle entre ces peuples, car on adopte une langue aussi pour ses qualités et ses avantages.

L’apparition des armées romaines devait tarder encore, même après que la Thrace eut été annexée (an 46 de notre ère). Les éléments romanisés transmettant d’un groupe à l’autre l’influence étrangère, étaient arrivés déjà jusqu’au Danube, où l’on a constaté que la ville romaine de Drubetis est antérieure à la conquête officielle ; déjà des marchands latins traversaient ces régions, répandant, à côté de la monnaie grecque dont la circulation diminuait rapidement, la monnaie romaine d’argent et de bronze, qu’on rencontre par monceaux sur tout le territoire carpatho-danubien, avant que le besoin de défendre les nouveaux centres fondés au milieu des Thraces balcaniques définitivement vaincus, eut rendu nécessaire l’intervention des légions.

Sous Auguste, la Dacie vit les aigles romaines. Les nations pannoniennes, mélangées de sang celtique, les Scordisques et leurs voisins, furent complètement soumises ; la grande voie de Tibère réunit le Danube moyen aux régions de son cours inférieur ; Aquineum devint un des centres importants de l’Empire en Orient ; enfin, sous Domitien, les armées impériales, commandées par Oppius Sabinus, par Cornélius Fuscus et par Julien, furent vaincues par un roi d’un talent supérieur, Décébale, défenseur indomptable du sol ancestral et de l’indépendance de sa race, qui, tout en reconnaissant nominalement la suzeraineté de