Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/79

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plénière et victorieuse. A la mort de Sasul, la révolte éclata parmi les Roumains de la nouvelle province, et Bogdan s’empressa d’accourir pour arracher l’héritage aux fils du défunt, Balc ou Balita et Dragul, qui furent plus tard les successeurs d’André dans la fonction difficile de défendre cette frontière orientale que le succès de l’ « usurpateur » avait de nouveau arrêtée aux Carpathes (1365).

Cette province, dont les princes ne prirent que plus tard le titre national de « princes roumains de la Moldavie », serait restée confinée pour toujours à ces vallées des Carpathes, et le roi aurait pu s’en saisir à la première occasion favorable, car de nombreuses attaques hongroises montrent bien qu’il ne s’était pas résigné à sa perte, si une seconde voie de commerce, ouverte au delà du Séreth, n’avait rendu nécessaire la fondation d’une grande et puissante principauté, dont l’indépendance eut dès le début ce caractère royal qu’impliqué la qualité souveraine du domn.

L’ancienne Russie Rouge n’avait jamais possédé en fait les territoires entre le Séreth et le Pruth, et moins encore celle des plaines ondulées de collines qui s’étendent entre cette dernière rivière et le Dniester. Sur ce territoire des anciens « brodnici », les Tatars restèrent les maîtres jusque fort avant dans le XIVe siècle ; ils prélevaient encore vers 1360 les droits de douane et les revenus du Khan à Akkerman, et leurs incursions ne cessèrent, ainsi qu’on l’a déjà vu, qu’après cette date. Sous l’ombre de l’autorité des souverains païens de la steppe, les seigneurs fonciers se partageaient les vallées ; on trouvera leurs noms, avec l’indication du territoire qu’ils représentaient, dans les diplômes délivrés par les successeurs de Bogdan, auxquels ils se rallièrent, les soutenant de toute leur puissance guerrière.

Mais ce qui donna à ce pays une importance exceptionnelle,