Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/81

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byzantines de la mer Noire, de la partie maritime de l’héritage du Tzar bulgare Alexandre. Un certain Dobrotitsch, héritier de Balica, seigneur roumain qui résidait à Cavarna, s’improvisa prince du littoral habité par des races différentes, des Grecs en première ligne. Une partie des terres, dominées jusqu’alors par Démètre-Timour le Tatar, lui revint. Cette formation territoriale, correspondant uniquement à une nécessité passagère du commerce, a conservé dans le langage des Turcs, ses conquérants, le nom de son fondateur, la Dobroudscha (Dobrogea en roumain).

Cette ligne de communication entre l’Occident d’une part et, de l’autre, l’Orient tatar et turc devait amener à son tour l’établissement d’un ordre politique consolidé dans les vallées du Séreth, du Pruth et du Dniester. Alors que la région moldave proprement dite vivotait, sous le rapport économique, dans la dépendance de la Transylvanie, de la ville de Krons-stadt-Brasov et, dans le voisinage même, dans celle, moins importante, de Bistritz (Bistrita), centre saxon du Nord-Est de la province, des villes nouvelles surgirent, presqu’à l’improviste, comme relais pour les caravanes : dans la vallée du Séreth d’abord, où il y eut une ville de ce nom ; dans celle de son premier affluent occidental, Suceava, destinée à devenir une place-forte et la riche capitale de la principauté moldave ; dans le voisinage du Pruth, Tetina, dont hérita le bourg de Cernauti (Czernovits) ; Jassy, que les marchands orientaux fréquentaient déjà au commencement du XVe siècle ; puis, sur le Dniester, Hotin (Choczim), château dominant la rivière, continuellement disputé entre les Polonais et les Moldaves ; enfin la ville de Tighinea (« Teghin » ou « Tehin » pour les voisins), qui servait déjà sans doute, comme place de péage aux Tatars. Alors que, entre le Séreth et les