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verbes à forme ou à sens attributifs : être, devenir, paraistre, s’appeler, avoir nom, se faire, etc.

Ex. :

Jo ai nom Charlemagnes. (Pèlerinage, 307.)
Quand Rollanz veit que bataille sera
Plus se fait fiers que leon ne leupart. (Rol., 1110.)
Quand Roland voit qu’il y aura bataille, il se fait plus fier que lion ni léopard.
Li Empereres se fait e balz e lier. (Rol., 96.)
L’empereur se fait joyeux et content.
La voldrat il crestiens devenir. (Rol., 155.)
La il voudra devenir chrétien.

Voici l’attribut au cas-régime :

Uns Sarrazins... se feinst mort. (Rol., 2275.)
Un Sarrasin... se feignit mort, fit semblant d’être mort (lat. Unus... se finxit mortuum.).

C’est l’existence du cas-sujet et du cas-régime qui permet à l’ancienne langue une très grande liberté dans l’ordre des mots.

Substantifs attributs.

Dans l’expression c’est une bonne chose que la paix, la paix forme le sujet réel, comme on le voit dans la tournure suivante, qui a le même sens : la paix est une bonne chose. L’ancien français disait ordinairement, dans ce cas : bonne chose est de la pais, le de marquant l’origine, le point de départ. De là les tournures modernes avec un infinitif : c’est une honte de mentir, c’est une joie de..., c’est un jeu de..., etc.

Autres exemples : granz tresors est de la santé ; noble ordene est de chevalerie ; moult est male chose d’envie ; de vostre mort fust granz damages, etc.

Même emploi au xviie siècle.

Un homme qui ne sçait que c’est de science. (Malherbe, II, 355.)