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Je sais ce que c’est d’amour et le dois savoir. (La Fontaine, Psyché.)
Qu’est-ce de la vie ? Qu’est-ce que de nous ? (Bossuet.)

Cf. les expressions : si j’étais que de vous, si j’étais de vous. Dans cet emploi de a été remplacé par que, ou il s’est maintenu précédé de que[1].


Le substantif attribut est souvent précédé de la préposition a (fr. moderne pour) ; cet emploi a duré jusqu’au xviie siècle.

Ex. :

Avoir a feme ; eslire a empereor ; coroner a empereor ; recevoir a seignor ; se tenir a honi ; retenir a ami ; prendre a feme, etc.
Ancui sera coronez al moutier
Ses filz a rei. (Cour. de Louis, 1532.)
Aujourd’hui, au moûtier, son fils sera couronné roi.
Les plus grands y tiendront votre amour à bonheur. (Corneille, Polyeucte, II, 1.)

Cf. aujourd’hui : prendre à témoin.

Compléments déterminatifs sans préposition.

Le substantif désignant une personne ou une chose personnifiée, complément déterminatif d’un nom (joint aujourd’hui au nom précédent par la préposition de et quelquefois à) se met ordinairement au cas régime sans préposition ; il peut précéder le nom déterminant, mais ordinairement il le suit. Cette construction qui rappelle le génitif latin (le peuple Dieu : populus Dei[2]) est un des traits les plus caractéristiques de l’ancienne langue.

  1. Haase, Synt. fr., § 107.
  2. En réalité populus Deo en latin vulgaire, la forme du génitif ayant disparu.