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Ex. :

Li doi serjant son pedre. (Alexis, 117.)
Les deux serviteurs de son père.
Ne creit en Deu le fil Sainte Marie. (Rol., 1634.)
Il ne croit pas en Dieu, le fils de Sainte Marie.
Ma mere arsistes en Origni mostier. (Raoul de Cambrai, 2271.)
Vous brûlâtes ma mère au moûtier d’Origny (nom propre traité comme un nom de personne.)

On disait de même : le gonfanon le roi = le gonfanon du roi ; un dent Saint Pierre = une dent de Saint Pierre ; la mort Roland = la mort de Roland ; li angeles Deu = l’ange de Dieu ; la volonté le roi = la volonté du roi ; l’hostel le duc = l’hôtel du duc, etc., etc. On disait même : Franc de France repairent de roi cort, avec suppression des deux articles[1].

Cette tournure, si fréquente en ancien français, disparait au xive siècle. La langue moderne en a cependant conservé des traces, dans des expressions comme : Hôtel Dieu, Fête-Dieu, bain-marie, Bois-le-Comte (et autres formations semblables), Choisy-le-Roi, morbleu (= mort Dieu), etc.

La relation de parenté peut être marquée, entre deux substantifs par a.

Ex. Fille ad un conte (Alexis, 42.) ; fille d’un comte.

Substantifs compléments indirects sans préposition.

Un substantif complément indirect est joint souvent à un verbe sans préposition.

Ex. :

Li nons Joiose l’espede fu donez. (Rol., 2508.)
Le nom de Joyeuse fut donné à l’épée.
  1. Peut-être doit-on rapporter au même usage des expressions comme : en yver tens, en esté tens, au temps d’hiver, au temps d’été.