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Accord des adjectifs.

L’ancienne langue usait d’une très grande liberté dans l’accord de l’adjectif se rapportant à plusieurs substantifs. Ordinairement l’accord se faisait avec le substantif le plus rapproché, quels que fussent le genre et le nombre des autres.

Ex. :

Li palais et la sale de pailes portendude. (Pélerinage, 332.)
Le palais et la salle tendus de soieries.
Covert en sont li val et les montaignes
Et li laris et trestotes les plaignes. (Rol., 1084.)
Couvertes en sont les vallées et les montagnes et les landes et toutes les plaines.
Accord des adjectifs demi, mi, etc.

Demi, devant un nom féminin, peut s’accorder ou rester invariable.

Ex. : Demi mon ost vos lerrai en présent : je vous laisserai en présent la moitié de mon armée (Rol., 785.). Mais on trouve aussi le féminin : demie lieue.

On trouve demie morte plutôt que demi-morte ; la syntaxe moderne emploie dans ce cas-là demi au neutre ; l’ancienne syntaxe fait ordinairement l’accord : ex. demie perdue ; l’espée demie traite.

Mi gardait son rôle d’adjectif dans des expressions comme : en mie nuit.

Nu et plein s’accordent avec le substantif, qu’ils soient placés avant ou après. Pour tout, cf. les Pronoms indéfinis.

Adjectif construit avec de.

On pouvait dire — et on disait ordinairement — ta lasse mère ; mais on pouvait dire aussi : ta lasse de mère, ma lasse d’âme, mon las de cors (= cœur, au cas-sujet), ta sainte de bouche, ta vieille de mère, etc.

Que diras-tu, chétive d’âme,
Quand tu verras ta douce dame ?