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Le peuple de Rome, qui l’a tant regretté,
le retient sept jours sur terre en son pouvoir.
Ad une voiz crident la gent menude. (Alexis, 531.)
D’une seule voix le bas peuple s’écrie.
Gent paienor ne voelent cesser onques.
Issent de mer, vienent as ewes dolces. (Rol., 2639.)
La gent païenne ne veut (veulent) pas s’arrêter ; ils sortent de la mer, entrent dans les eaux douces.

Au lieu de c’est moi, toi, lui ; c’est nous, c’est vous, ce sont eux, on disait en ancien français : ce sui je, ce es tu, ce est il ; ce somes nous, ce estes vous, ce sont il. Comme on le voit, ce est attribut et l’accord se fait avec le sujet réel, qui est le pronom personnel.

On disait encore au xvie siècle : Ce suis-je moy, dist le Seigneur, qui l’ay deceu (Calvin, I, 18, 2.).

Vois ces rochers au front audacieux,
C’estoient jadis des plaines fromenteuses. (Ronsard, 963 L[1].)

Cet accord du verbe avec le sujet logique se fait dans d’autres cas où l’ancien français employait une tournure impersonnelle ; par exemple : il estoient jadis dui frère ; il sont venues tant de plaintes[2]. Cf. encore : il i corurent set rei et quinze duc (Cour. de Louis, 631.). Et si sont il venu assésIci maint preudome vaillant (Chev. aux deux épées, 4456.)[3].

Changements dans les voix.

De nombreux changements se sont produits, depuis le moyen-âge, en ce

  1. Exemples donnés par Brunot, Gram. hist., § 414.
  2. G. Paris et Langlois, Chrestomathie, 4e éd., p. LXXII.
  3. Il n’est pas probable que il soit un pluriel masculin, car on trouve il avec un féminin : il sont quatre manières (Vie de S. Thomas, 170).