On appelle mots savants ou mots d’emprunt les mots empruntés plus ou moins directement au latin ou au grec (et aussi aux langues modernes); ils ont été francisés sans se soumettre aux lois régulières de la phonétique : ainsi monasterium donne la forme populaire moustier et la forme savante monastère; on appelle ces doubles formes doublets.
A
A tonique libre devient e (pour le son de cet e, cf. infra, prononciation).
Ex. :
- clarum > cler ;
- cantare > chanter;
- mare > mer ;
- parem > per ;
- alam > ele ;
- fabam > fève ;
- amatam > amée, etc.
Clair, pair, aile sont des formes refaites à la Renaissance; a a été rétabli d’après le latin (clarum, parem, alam).
Quand a tonique est suivi de m, n, il se dégage un i provenant de ces consonnes ; le résultat est la diphtongue nasalisée ain, prononcée depuis le xiie siècle ein avec e ouvert.
Ex. :
- amo > j’aim ;
- clamo > je claim ;
- famem > faim ;
- manum > main ;
- panem > pain ;
- granum > grain ;
- planum > plain ;
- plangere > plaindre ;
- frangere > a. fr. fraindre, etc.
Le suffixe -álem a donné -el, comme le montrent les formes mortalem > mortel ; *missalem > missel ; cf. encore talem > tel ; qualem > quel ; mais on trouve de nombreuses formes en al (égal, royal, loyal, etc.), qui n’appartiennent pas sans doute à l’ancien fonds de la langue. On trouve mel (malum) à côté de mal; animal est emprunté au latin.